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LIVRE QUATRIÈME.

lion, bien qu’en proie à d’atroces douleurs, n’en conserva pas moins des sentiments tendres et affectueux ; il supporta, immobile, ses horribles souffrances, et bientôt après il expira.

À cette nouvelle, le roi, transporté de joie et d’admiration, demanda au jeune homme la cause de cette mort résignée.

Il cacha d’abord la vérité ; mais à la fin, pressé de nille manières, il laissa échapper son secret.

« Hélas ! s’écria le roi, si vous n’étiez pas issu de cette bête féroce, personne au monde ne pourrait s’expliquer l’affection qu’il vous a montrée. Quoi qu’il en soit, auparavant, j’ai promis une récompense et je ne manquerai pas à ma parole ; mais, comme vous avez tué votre père, je ne puis souffrir qu’un fils rebelle et dénaturé demeure plus longtemps dans mon royaume. »

Il prescrivit aux magistrats de lui donner une grande quantité d’or et d’argent, et de le chasser ensuite loin de son royaume. Aussitôt, on équipa deux vaisseaux sur lesquels on embarqua une grande quantité d’or, les vivres et des provisions de tout genre. On le conduisit (avec sa sœur) jusqu’au milieu de la mer, puis on les abandonna tous les deux au caprice des flots. Le navire du fils, après avoir longtemps vogué sur la mer, aborda dans cette île appelée P’ao-tchou (Ratnadvîpa). L’ayant trouvée fertile et riche en productions rares, il y fixa son séjour.

Dans la suite, des marchands y amenèrent leur famille pour recueillir des pierres précieuses, et s’éta-