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LIVRE QUATRIÈME.

sa famille. Mais le Bôdhisattva, qui depuis longtemps s’étudiait à fuir les désirs charnels, n’éprouvait aucun penchant pour les affections du cœur.

Le soir où cette union devait s’accomplir, il se sentit accablé de tourment et de douleur. Se prosternant alors devant la statue du Bouddha, il implora sa protection et le pria de le délivrer de ce cruel embarras.

Un roi des esprits, touché de la sincérité de son cœur, le transporta en secret et le conduisit à plusieurs centaines de li de cette ville. Puis il le plaça dans un couvent construit sur une montagne, au milieu de la chapelle du Bouddha. Les religieux, y étant venus, l’aperçurent et le prirent pour un voleur.

Le Bodhisattva leur raconta ce qui lui était arrivé. À ce récit, ils furent saisis d’étonnement et admirèrent la grandeur de son âme. Aussitôt il embrassa la vie religieuse. Dans la suite, il s’appliqua de tout son cœur à pratiquer la droite loi ; bientôt il acquit l’intelligence complète des doctrines des différentes écoles et s’exerça à la composition. Il écrivit alors, en cinq cents çlokas, le Ching’-ming-tsa-lun [Çabdavidyd samyoukta çâstra ?) ; il expliqua le Kouang-pe-lun [Çataçàstra vaîpoulyam ?), le Weî-tchi’lun ( Vidyd mâtra siddhi) et le In-ming-iching-limen-lan [Niyâya dvdra tdraka çâstra). Ses ouvrages, au nombre de plusieurs dizaines, sont très-répandus et jouissent d’une grande réputation. Il existe une histoire particulière où l’on fait connaître ses vertus brillantes et ses talents extraordinaires.

La ville de Kien-tchi (Kàntchipoura) est située sur un