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une méthode régulière. La lecture barbare de ces mots, telle qu’on la donnait à cette époque[1],

    sse ; de cette façon, la secte des Tao-sse aurait existé dans l’Inde avant la venue du Bouddha, et bien avant la naissance de Lao-tseu !

    Le même mot Tao « Intelligence » (Bôdhi) a encore induit en erreur Rémusat et Klaproth, qui, dans tous les passages signifiant « obtenir l’Intelligence » 得道, « devenir Bouddha » ; arriver à « l’Intelligence accomplie » 成道, ont toujours traduit : « obtenir la doctrine, obtenir la Loi, — accomplir la doctrine, accomplir la Loi ». (Fo-koue-ki, p. 171, 198, 213, 224, 227, 235, 276.)

    Citons un dernier exemple : Un religieux bouddhiste de l’Inde, dont on a fait encore un sectateur de la Raison, expose les livres sacrés (Fo-koue-ki, p. 351) devant une assemblée dont Fa-hien faisait partie, et raconte que le pot du Bouddha se trouve actuellement dans le Gândhâra (pris à tort pour le Kandahar, ibid. p. 353, note 5), que dans tant de centaines d’années (若干百年), il retournera dans le royaume des Youeï-tchi, etc. La même locution, employée cinq fois dans la même page, a été traduite par onze cents ans. Une note jointe au texte nous apprend qu’au moment où Fa-hien entendit faire cette lecture, le religieux indien avait nettement articulé le nombre des années ; l’ayant oublié, lorsqu’il rédigea sa relation, il se vit obligé d’employer la locution vague jo-kan 若干 « tant » (dont le second signe, écrit ici thsien « mille » au lieu de kan, était extrêmement facile à rétablir, l’expression jo-thsien-pe 若千百 « comme mille cent » pour dire « onze cents » n’existant pas en chinois).

  1. Dans le Fo-koue-ki, p. 323, on trouve Ho-kia-lo pour Vyâkaraṇas « les prédictions » ; P’o-t’o, pour les Avadânas « les comparaisons » ; l-ti-mo-to, pour Itiyouktas « les récits » ; ce sont trois des douze sections des Livres sacrés.

    Klaproth cite (ibid. p. 325) les cinq écoles qui s’établirent dans les cinq cents premières années qui suivirent la mort du Bouddha :

    1o Dans l’orthographe Tan-wou-te, il n’a pas su reconnaître les