Page:Julien - Histoire de la vie de Hiouen-Thsang et de ses voyages dans l’Inde.djvu/272

Cette page n’a pas encore été corrigée
172
VIE ET VOYAGES DE HIOUEN-THSANG.

montagne isolée qui est taillée en terrasse, et dont le sommet hardi et imposant est embelli par une riche végétation, des bassins d^eau pure et des fleurs parfumées. Comme c'est un lieu remarquable par la beauté de ses sites, on y a bâti un grand nombre de temples sacrés, où Ton voit éclater souvent des miracles et des prodiges aussi rares qu'extraordinaires.

Dans un Vihâra qui occupe le centre du plateau, s'élève une statue en bois de sandal, de Kouan-tseu-t’sai-pou-sa (d'Avalôkilêçvara bôdhisattva) dont la puissance divine excite le plus profond respect. En tout temps, on voit plusieurs dizaines d'hommes qui se privent de manger et de boire, pendant sept ou même quatorze jours, pour lui adresser des vœux. Ceux qui sont animés d'une foi ardente voient immédiatement l'image entière du Bôdhisattva. Alors du milieu de la statue, il sort, environné d'un éclat imposant, leur parle avec bienveillance et leur accorde l'objet de leurs vœux. Il y a aussi un nombre considérable d'hommes à qui il est donné de le voir dans toute sa majesté. Aussi la multitude de ses adorateurs s'accroît-elle de jour en jour. Les personnes qui lui rendent des hommages assidus, craignant que la foule de visiteurs ne salît cette vénérable statue, ont fait élever autour, à une distance de sept pas, une balustrade en bois hérissée de pointes de fer. Ceux qui viennent saluer et adorer la statue, sont obligés de se tenir en dehors de la balustrade. Ne pouvant l'approcher, ils jettent de loin les fleurs qu'ils viennent lui offrir. Ceux qui réussissent à fixer leurs guirlandes de fleurs sur les mains et sur les