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LIVRE DEUXIÈME.

était remplie d’affection pour les sages et d’estime pour les lettrés. Aussi aimait-il à inviter cet hôte illustre qui était pour lui un objet d’admiration. De son côté, Hiouen-thsang l’interrogeait à cœur ouvert et se livrait jour et nuit à l’étude avec un zèle infatigable. Il pria donc ce vénérable maître (Âtchâryya) de lui expliquer les lun (çâstras).

Ce religieux avait alors soixante et dix ans, et ses forces étaient affaiblies par l’âge. Mais, ayant eu le bonheur de rencontrer un homme d’une capacité divine, il fît tous ses efforts pour lui communiquer sa science. Avant midi, il lui expliqua le Kiu-che (Kôchaçâstra), et dans l’après midi, le Chun-tching-li-lun (le Niyâya anousâra çâstra, de Sam̃ghabhadra). Après la première nuit, il lui expliqua le In-ming-lun (Hétouvidyâ çâstra) et le Ching-ming-lun (Çabdavidyâ çâstra).

Depuis ce moment, tous les hommes d’étude des différentes parties du royaume se réunirent en foule (pour assister à ces conférences).

Le Maître de la loi, guidé par les explications, comprenait les textes sans que rien lui échappât ; il approfondissait avec un vif intérêt ce qu’ils avaient d’obscur, et finissait par en découvrir les mystères les plus cachés.

Le Docteur était ravi de joie et ne pouvait se lasser de le louer et de l’admirer. « Ce religieux de la Chine, dit-il à ceux qui l’entouraient, est doué d’une rare intelligence et d’une énergie invincible ; dans toute cette assemblée, il n’est personne qui puisse l’effacer. Par ses lumières et sa vertu, il est capable de continuer les nobles