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LIVRE DEUXIÈME.

Le Khan but avec les envoyés étrangers ; il demanda, à part, du vin de raisin et l’offrit au Maître de la loi. On vit alors les convives, de plus en plus animés, s’adresser et se renvoyer à l’envi des invitations à boire, choquer mutuellement leurs tasses, les remplir et les vider tour à tour, et, pendant ce temps-là, la musique des barbares du midi et du nord, de l’orient et de l’occident faisait entendre ses bruyants accords. Quoique ce fussent des airs à demi sauvages, ils charmaient l’oreille et réjouissaient l’esprit et le cœur.

Peu de temps après, on apporta de nouveaux mets ; c’étaient des quartiers de mouton et de veau bouillis, qu’on avait accumulés en quantité devant les convives ; puis, on prépara séparément des aliments purs qu’on présenta au Maître de la loi ; c’étaient des gâteaux de riz, de la crème et du lait, du sucre cristallisé, des rayons de miel, des raisins, etc.

Quand il eut fini de manger, le prince fit circuler de nouveau du vin de raisins, et pria Hiouen-thsang d’expliquer la Loi. Celui-ci leur enseigna alors les dix vertus, l’amour et l’affection pour les êtres vivants, les (six) Po-lo-mi (Pâramitas), ou moyens d’arriver à l’autre rive, et d’obtenir la délivrance finale.

Le Khan leva les mains et se prosterna jusqu’à terre ; puis, le visage radieux, il déclara qu’il recevait avec foi ses instructions. Il le retint pendant plusieurs jours, et l’exhorta vivement à renoncer à son projet. « Maître, lui dit-il, il ne faut point aller dans le royaume de In-te-kia (l’Inde). Ce pays est excessivement chaud, et là,