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VIE ET VOYAGES DE HIOUEN-THSANG.

les premiers qui le prièrent de passer la nuit chez eux. Il se rendit donc à leur invitation. Le roi s’en retourna avec les hommes vertueux (les religieux). Le lendemain, il le pria de venir dans son palais, où il recevrait toutes sortes d’hommages et mangerait les trois aliments purs. Le Maître de la loi n’accepta point, et le roi en fut extrêmement contrarié. C'est là, dit Hiouen-thsang, un usage introduit par la doctrine graduelle, mais que n’autorise point celle du grand Véhicule (Mahâyâna) qui a fait le principal objet de mes études. J’accepterai les autres mets ordinaires. »

Après avoir mangé, il se rendit, au nord-ouest de la ville, dans le couvent appelé A-che-li-ni-sse (Açâlini vihâra) où demeurait Mokchagoupta, qui, par sa rare intelligence et son profond savoir, s’était concilié les respects de tous les religieux. Pendant vingt ans, il avait voyagé dans l’Inde pour son instruction, et, quoiqu’il eût étudié tous les livres, il excellait surtout dans l’intelligence du Ching-ming-lun (Çabdavidyâ soûtra, d’Ançouvarma). Le roi et tous les hommes du royaume, remplis d’estime et de vénération pour lui, l’avaient surnommé To’pou (le Sans-pareil). Quand il eut vu venir le Maître de la loi, il ne l’accueillit que comme un hôte ordinaire, parce qu’il ne daignait pas encore lui accorder la connaissance de la Loi. Adressant alors la parole au Maître de la loi, il lui dit : « Dans ce pays, nous avons tous les meilleurs livres : le Tsa-sin-kiu-che (Samyoukta hrĭdaya kôcha), le Pi-p’o-cha {Vibhâchâ çâstra), etc. En les étudiant ici, vous deviendrez assez savant ; qu’avez-vous