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8 DU FONDEMENT DE L’INDUCTION

autorise bien à énoncer sous une forme ce que nous avons déjà énoncé sous une autre, mais qu’il n’ajoute rien au contenu de notre connaissance : nous avons besoin, au contraire, d’un principe, en quelque sorte, matériel, qui ajoute à la perception des faits le double élément d’universalité et de nécessité qui nous a paru caractériser la conception des lois. Déterminer ce principe, tel doit être maintenant le but de nos recherches.

L’existence d’un principe spécial de l’induction n’a pas échappé à l’école écossaise : mais cette école ne paraît pas en avoir bien saisi le caractère et la valeur. « Dans l’ordre de la nature, » dit Reid, « ce qui arrivera ressemblera probablement à ce qui est arrivé dans des circonstances semblables. » Cet énoncé est inexact et probablement est de trop : car il est parfaitement certain qu’un phénomène qui s’est produit dans certaines conditions se produira encore lorsque toutes ces conditions seront réunies de nouveau. Il est vrai que le vulgaire se trompe presque toujours sur ces conditions et que la science elle-même a beaucoup de peine à les assigner exactement : de là vient que notre attente est si souvent déçue et que nous ne connaissons peut-être aucune loi dans la nature qui ne souffre quelque exception. En fait, l’induction est toujours sujette à erreur : en droit, elle est absolument infaillible : car, s’il n’était pas certain que les conditions