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DU FONDEMENT DE L'INDUCTION 5

C’est ici qu’intervient, suivant Aristote, le syllogisme inductif, dont il explique le mécanisme par un exemple. On se propose de démontrer que les animaux sans fiel vivent longtemps : on sait, ou l’on est censé savoir, que l’homme, le cheval et le mulet sont les seuls animaux sans fiel, et l’on sait en même temps que ces trois sortes d’animaux ont une longue vie. On peut dès lors raisonner de la manière suivante :


L’homme, le cheval et le mulet vivent longtemps ;

Or tous les animaux sans fiel sont l'homme, le cheval et le mulet :

Donc tous les animaux sans fiel vivent longtemps.


Ce syllogisme est irréprochable et ne diffère pas quant à la forme des syllogismes ordinaires de la première figure : mais il en diffère quant à la matière, en ce que le moyen, au lieu d’être un terme général, est une collection de termes particuliers. Or c’est précisément cette différence qui exprime le caractère essentiel de la conclusion inductive : car cette conclusion consiste, à l’inverse de la conclusion déductive, à tirer de la collection complète des cas particuliers une règle générale qui n’en est que le résumé.

Quelle que soit la portée de ce passage, il est aisé de montrer que les lois ne sont pas pour nous le résultat logique de la simple énumération des faits. Non seulement, en effet, nous n’hésitons pas à étendre à l’avenir des lois qui représenteraient au plus, dans