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du fondement de l'induction

nomène doit avoir un antécédent invariable, et sa loi de causalité universelle ne pouvait être que l’expression d’un fait ; mais, fait ou loi, que faut-il penser de l’universalité que M. Mill lui attribue ? Nous trouvons ici un second compromis, beaucoup plus étrange que le premier, entre les besoins de la science et la logique de l’empirisme. La loi de causalité est valable, non seulement pour notre système planétaire, mais pour le groupe d’étoiles dont notre soleil fait partie ; elle sera encore en vigueur, non seulement dans cent mille ans, mais, selon toute apparence, dans cent millions d’années : mais, au delà de ces limites, il se pourrait bien qu’elle eût le sort des lois particulières auxquelles elle sert de base et que les phénomènes se succédassent, comme le dit, expressément M. Mill, au hasard. Un ordre de succession, contingent et limité aux phénomènes sur lesquels notre esprit peut raisonnablement s’exercer, voilà, en définitive, tout ce que renferme le principe dont il nous reste à examiner la démonstration.

Cette démonstration, en apparence du moins, est fort simple. Nous ne connaissons immédiatement que des faits, et le seul moyen que nous ayons pour dégager de ces faits les vérités générales qu’ils peuvent contenir est l’induction : le principe de l’induction doit donc être lui-même le résultat d’une induction, sans qu’il y ait pourtant, en cela de cercle à craindre. Il y a, en