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du fondement de l’induction

efficientes que de causes finales : car, si nos sens ne nous apprennent pas qu’une série de phénomènes soit dirigée vers un but, ils ne nous apprennent pas davantage que chaque terme de cette série exerce sur le suivant une influence quelconque. Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que M. Mill garde, sur la finalité que nous avons cru reconnaître dans les phénomènes, un silence absolu : mais en quel sens peut-il dire qu’un phénomène est cause de celui qui le suit et fonder l’induction sur ce qu’il appelle la loi de causalité universelle ? Il y a ici un compromis assez singulier entre les exigences de son système et les tendances scientifiques de son esprit : car, d’un côté, il rejette comme une illusion toute idée de liaison nécessaire et, par conséquent, de causalité véritable ; et, de l’autre, il n’hésite pas à conserver le mot et, jusqu’à un certain point, la chose, en admettant, entre les phénomènes, un ordre de succession absolument invariable, qui constitue, en fait, le plus inflexible déterminisme. Il ne craint même pas d’étendre l’empire de ce déterminisme jusqu’aux volontés humaines : mais il assure en même temps qu’il ne fait parla aucun tort au libre arbitre, puisque les causes de nos actions se bornent à les précéder invariablement, sans exercer sur elles aucune influence réelle. Quant aux caractères du principe de l’indiction, il n’y avait évidemment rien dans l’expérience qui pût lui apprendre que tout phé-