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DU FONDEMENT DE L’INDUCTION 13

leur propre évidence. Mais, sans parler de la difficulté que l’on a toujours éprouvée à déterminer le nombre des vérités premières, quel droit a-t-on d’affirmer qu’une proposition absolument dénuée de preuves est un principe, qui exprime la constitution de la pensée et des choses, et non un pur préjugé, résultat de l’éducation ou de l’habitude ? On allègue l’impossibilité où nous sommes de concevoir l’opposé de ces vérités : mais la question est toujours de savoir si cette impossibilité tient à la nature des choses ou à la disposition subjective de notre esprit ; et les sceptiques d’aujourd’hui répondent avec raison qu’il y a eu un temps où personne ne pouvait concevoir que la terre tourne autour du soleil. Sans doute, il est absurde de supposer que les principes puissent se résoudre dans d’autres propositions plus générales qui leur servent de preuve : car, ou cette résolution ira à l’infini, et la démonstration des principes ne sera jamais achevée, ou elle aboutira à un certain nombre de propositions indémontrables, qui seront alors les véritables principes. Mais il n’est pas nécessaire que toute démonstration procède du général au particulier : car, lors même qu’une connaissance est la plus générale de toutes, il reste toujours à expliquer comment cette connaissance se trouve dans notre esprit et à établir qu’elle représente fidèlement la nature des choses. Or il n’y a qu’un moyen de résoudre à la fois ces deux