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L’auteur de ces lignes ne sait pas exactement si, dans la nouvelle université de Glasgow, il y a un buste d’Adam Smith ; il n’a pas reçu jusqu’ici de réponse à une lettre qu’il a écrite pour s’en informer. En tout cas, il n’a pas trouvé à Glasgow, malgré de longues recherches, une statue du penseur, qui a passé dans cette ville un grand nombre d’années, des plus fécondes, de sa vie.

Sur la plus belle place de toutes les villes écossaises, sur le George Square de Glasgow, se trouve au centre, à côté d’autres sculptures, la haute statue de Walter Scott, reproduite d’ailleurs souvent en Écosse, avant tout à Édimbourg, comme signe extérieur de la reconnaissance du peuple. Dans l’angle sud-ouest de la même place est le monument de l’inventeur de la machine à vapeur, dans l’angle nord-ouest, celui de sir Robert Peel, de l’homme tout particulièrement appelé à mettre en pratique les doctrines de son maître Adam Smith, enfin dans l’angle sud-est se trouve le monument du maître des monnaies, Graham, homme relativement peu connu hors de l’Écosse.

Et l’angle nord-est de la place, qui reste, est vide ! il n’est pas orné par l’image de l’homme auquel l’invention contemporaine de James Watt a dû sa valeur principale ! Car les machines à vapeur nous seraient de bien peu d’utilité, si nous n’avions secoué les chaînes qui nous empêchaient de nous en servir. Chaque coup de piston de la machine à vapeur devrait rappeler, en même temps que James Watt, l’homme qui a donné à la domination de l’homme sur la vapeur la plus grande utilité possible pour la prospérité des peuples. Et pourquoi est-ce précisément cet homme qu’on oublie dans la ville de commerce et d’industrie la plus florissante d’Écosse ?

Mais tournons les yeux vers la capitale ! A Édimbourg, dans l’Athènes moderne, dans la ville des monuments, au centre intellectuel du pays, dans la cité où jusqu’ici tout mérite était couronné et où Adam Smith n’a pas seulement enseigné, mais a vécu et exercé une influence pratique après la publication de son grand ouvrage, où Adam Smith est mort, à Édimbourg, dira-t-on, le peuple écossais a certainement élevé un monument visible à son grand citoyen.

Mais j’ai bien souvent parcouru Édimbourg dans tous les sens, j’y ai vu bien des noms immortalisés par le métal ou la pierre, je n’ai pu découvrir de trace d’un monument d’Adam Smith, ni dans les verts Princes gardens ornés du monument gothique de Walter Scott, ni sur le Carlton Hill où brillent les monuments d’un Burns, d’un Dugald Stewart (le biographe d’Adam Smith), d’un Nelson, d’un Playfair, le célèbre mathématicien, et le magnifique