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SUR LA PÉNÉTRATION DU POLONIUM DANS LE PLOMB,

par Mlle E. MONTEL.
Institut du Radium, Paris.

Sommaire. Le phénomène a été étudié par la méthode photographique, en appliquant fortement la gélatine contre le verso de feuilles minces de plomb dont la face porte le dépôt de substance active. Les dépôts de polonium out été faits en solution légèrement chlorhydrique. Il est essentiel d'employer des solutions très soigneusement purifiées afin d'éviter toute action d'un rayonnement pénétrant. Dans ces conditions, on obtient, quelques jours à quelques semaines après le dépôt, une impression photographique eu forme de fin réseau, dont l'ensemble correspond à la forme de la photographie directe de la source. Si, avant le dépôt, on a chauffé les lames près de la fusion après les avoir étirées légèrement, pour avoir des cristaux macroscopiques faciles à photographier, on constate que le réseau reproduit exactement la forme de leurs contours. Le polonium traverse donc l'épaisseur de feuilles minces de plomb en passant par les failles qui existent entre les cristaux : ces failles sont étanches à la lumière et aux gaz. La présence d'acide serait nécessaire à la production du phénomène.


Dans son travail sur la détermination de la période du polonium, Mlle Maracineanu[1] avait, signalé, parmi les causes d'erreur à envisager, la possibilité de pénétration de cette substance dans les supports métalliques, notamment dans le plomb. Le phénomène, tel qu'il était décrit par l'auteur, ne paraissait pas explicable par une diffusion du polonium dans le métal. D'autre part, Mlle Rona et M. Schmidt[2], dans leur étude de la vitesse de diffusion du polonium dans un grand nombre de métaux, n'ont pas confirmé les résultats obtenus par Mlle Maracineanu : ils ont toujours trouvé, pour le plomb comme pour tous les autres métaux examinés, une vitesse normale de diffusion.

1. — J'ai repris, dans le cas du plomb, l'étude de ce phénomène de la manière suivante : Une goutte de solution active très légèrement chlorhydrique étant déposée électrolytiquement[3] sur une feuille mince de plomb, j'ai recherché la présence du polonium sur l'autre face par la méthode photographique. Les lames employées étaient soigneusement planées et fortement appliquées contre la couche sensible à l'aide d'une lourde brique de plomb. Dans les premières expériences, le polonium utilisé provenait directement d'une solution de Ra D + E dont il avait été extrait par le procédé ordinaire de dépôt sur une lame d'argent. J'ai obtenu au verso, par des poses de 15 à 21 heures, des impressions dont la forme correspondait exactement à celle de la photographie directe de la source. Ces taches ont une apparence floue qui diffère de l'aspect habituel des impressions données par les rayons alpha. Les lames observées au verso, en ne laissant à découvert que la portion de surface correspondante à l'endroit du dépôt sur l'autre face, ne présentent en effet pas de scintillations.

  1. Mlle Stefania MARACINEANU. C. R., t. 176 (1923), p. 1819 ; t. 177 (1923), p. 1215 ; t. 181 (1925), p. 774 ; t. 183 (1925), p. 345 ; Thèse de doctoral, Paris (1924).
  2. Mlle Elizabeth RONA et E.A.W. Schmidt, Wien, Rer., t. 136 (1927), 65-73 ; numéro 198.
  3. Mlle Irène CURIE, J. Chim. phys., t. 22 (1925), numéro 7.