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journal de marie lenéru


18 avril.

Je suis faite pour l’orgueil de Platon et pas pour celui de Diogène, et cependant, toujours dans la voie chrétienne, j’ai été retenue par l’intransigeance de tout ou rien. Au début, la supériorité de la Sainte Vierge me désenthousiasmait de la perfection. Je copiais, pour les avoir sous les yeux, les passages stimulants. « Dieu mène les âmes, avec des grâces différentes, à une égale perfection » — « s’il se trouvait dans ces temps-ci, des âmes qui eussent pour moi plus d’amour que les saints des siècles passés, je leur accorderais des grâces plus grandes. » Pourtant j’étais assez perspicace pour voir que je faisais fausse route.

Mon Dieu vous détesteriez la perfection si elle ne nous occupait que de nous-mêmes. Son seul but est de nous faire les mouvements libres pour aller à Vous.


23 avril.

Lu Eugénie de Guérin, elle doit tout à son développement contemplatif, même je crois, le grand amour pour Maurice. Mais sa quenouille ! affectation et inutilité ! triste symbole du peu qu’on attend