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journal de marie lenéru

trop vain. Dieu ne m’a pas consultée, il n’a pas attendu le oui de mes vœux, il a fait de moi une carmélite, dans toute la rigueur de la clôture et du silence. Que l’esprit de Ste Thérèse me soit donné !

Je me défends encore et je me défendrai longtemps. Que Dieu daigne m’entendre ; je voudrais que tout fût si profond et sûr chez moi…

Les médiocres bonheurs, les médiocres vertus me dégoûtent, mais ce ne sont pas ces inoffensives tentatives qu’on doit se proposer. Une alternative, pour être sérieuse, doit présenter deux partis dignes de se balancer. Qui abandonne le monde, parce qu’il n’a rien su y voir d’attirant, ne connaît pas la valeur de l’indépendance du choix libre.

Ce qu’il faut savoir, ce dont il faut être sûre, c’est : telle situation imaginée, telles circonstances réunies, aussi exceptionnelles que vous le voudrez, mais pourtant rêvables, votre choix ne bronchera-t-il pas ?

Tant qu’on n’est pas sûr de sa réponse à cela, il y a des chances pour que le sacrifice soit un rebut de nécessité. Tant qu’on ne s’est pas mis en présence de la tentation à son plus haut degré, ce n’est pas « le monde » qu’on sacrifie, mais la mesure, dans laquelle il s’est offert, qu’on dédaigne.

La belle chose d’abandonner pour Dieu son avenir probable ! la belle chose de faire bon marché de ce