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XLIII
PRÉFACE

ment ! — Le mariage d’argent relève d’une esthétique plus relevée que le mariage d’amour. Il permet l’Italie, la musique, le cheval… et par-dessus le marché, l’amour. Tout ce qui est nécessaire au bonheur. Et encore l’amour l’est-il ? Enfin elle en parle par acquit de conscience, et que ce ton dégagé sonne faux après la danse des deux étoiles ! Plus loin Marie désire l’argent par-dessus tout, oui, même avant la santé. Il est vrai qu’elle avoue d’autre part :

« Oh ! à présent, je n’ai plus rien de mon acceptation janséniste, je veux passionnément guérir… » La raison elle nous la donne : — J’aime la vie ! j’aime prodigieusement la vie… Tout me grise en elle… Si je me rencontre dans une glace, je crois m’apporter une nouvelle mystérieuse et enivrante. Désormais, je le sens, la vie aura pour moi, jusqu’à la fin, les enchantements et les surprises d’une convalescence… »

Évidemment, le jour où elle écrivait les lignes qui précèdent, elle prenait la conscience définitive de son talent, dont elle prévoyait d’ailleurs depuis longtemps la vertu consolatrice lorsqu’elle écrivait :

« Je ne veux me sentir apaisée que par des succès… »

Elle va jusqu’à prétendre que le châtiment le plus décourageant que Dieu pourrait lui infliger serait de la