Page:Journal de Marie Lenéru.djvu/393

Cette page a été validée par deux contributeurs.
329
ANNÉE 1916

n’avons-nous pas la force d’être là-bas pour vous aider dans ce cruel service des morts ? C’est une de vos noblesses que ce rôle d’ensevelisseurs. Je suis émue que vous m’ayez choisie pour votre veillée funèbre. Non, je ne suis pour rien dans la force qui vous a portés, je ne voudrais même pas y prétendre. Au nom de quoi ? Que sommes-nous près de vous ? Nous n’avons qu’une mission, vous entourer, faire descendre dans vos souterrains un peu de la chaleur de la patrie. En son nom, même sans titre familial, nous avons le droit de nous pencher sur vous, de vous dire que pas une de vos souffrances n’est perdue, non seulement à cause du salut qu’elle accomplit, mais par tout ce qu’elle arrache à nos cœurs. Mais maintenant que je sais tout cela, vous comprenez qu’il faudra me donner un peu plus de vos nouvelles, ne fût-ce, comme le maréchal de Luxembourg le faisait pour Jean-Jacques, ne fût-ce qu’une enveloppe vide tous les huit jours… Que je suis heureuse de ce qu’a fait votre lieutenant ! J’ai un si grand respect pour ces distinctions-là, on sait ce qu’elles représentent. Et en même temps, vous en recevez une autre qui prouve que vous êtes bien de « notre corporation » comme dit Barrès, les deux vont si bien ensemble ! Je suis contente pour ce poème que j’ai aimé la première.

Et voici qu’on nous parle d’offensive prochaine