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JOURNAL DE MARIE LENÉRU

leur vient donc leur flamme ? Je compte beaucoup sur les hommes d’action. Je trouvais hier dans un article d’Humbert à propos de l’entente financière des alliés : « Ce ne sont pas les États-Unis d’Europe, mais c’est un acheminement » ! Tiens, tiens, tiens !

— Larguier blessé ? Dites-lui que je salue cette auréole à son beau talent déjà si noble. Ah ! les confrères nous enfoncent irrémédiablement, nous ne saurons jamais être assez envieuses, assez humiliées. Oui, c’est bien exaltant, magnifique pour ceux qui ont le droit de ne voir que ce côté-là. Droit qui n’appartient qu’aux seuls combattants… Ainsi, il y a des gens qui me donnent des « illusions » ? Cela ne va guère avec ma tournure d’esprit, et je me demande où je peux bien en avoir exprimé : Ce n’est pas un cri d’espoir, mais un cri de révolte que j’ai poussé. Seulement personne ne lit jamais un texte, on regarde dans sa tête ce que l’on a l’habitude de penser sur la question.

Je ne crains pas la guerre, le jour où il n’y aura plus de non-combattants pour la faire…

M. Sazonoff, en novembre 1915, réclame un traité de commerce en France, Angleterre et Russie : « sans quoi cette guerre terrible aurait été livrée en vain » . Quel aveu du néant des opérations militaires ; un traité de commerce entre alliés, pour donner une finalité quelconque à la guerre !