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ANNÉES 1914-1915

un auteur, c’est encore lui-même. Et il a sur les critiques cet avantage infini, qu’il est généralement moins homme de lettres, moins surchargé de lectures et de revenez-y littéraires. De plus, ayant à dégager et à défendre sa propre personnalité, il est, par état, moins superstitieux, moins impressionné par les préjugés et les précédents — quand son ignorance ne suffirait pas à l’en préserver. — Il est plus près de l’impression directe, cette impression presque impossible à obtenir d’une tête littéraire.

Je le répète, il faut qu’un auteur donne le la. Il ne perdra pas son temps. Il verra les belles variations qu’on lui servira sur ce la. Ils ne sont que paresseux, non pas à juger, non pas même à louer, mais à inventer leur jugement.

Pour le Redoutable, tout le mal est venu de moi. Non seulement je n’ai rien voulu dire de la pièce aux journaux, mais je me suis vantée d’avoir écrit pour le public, vous vous imaginez qu’ils n’allaient pas dire comme vous ! Et les bien intentionnés, les fervents de votre art pur, ceux qui vous disent : « Voyez-vous, ne faites plus de concessions » Eh ! je vous prie, récrivez donc le Redoutable à votre manière.