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JOURNAL D’UN BOURGEOIS DE PARIS.

et foison prins[1], lesquelx recognurent qu’ilz cuidoient emmener le roy par force et tuer le duc de Bourgongne, mais Dieu les en garda celle foys ; puis passèrent plusieurs jours sans aucun assault.

53. Ce pendent eulx rendirent ceulx du chastel de Sansserre, lesquelx avoient fait moult de grief en l’ost, car au commencement du siège, par ceulx là et par autres, pain y estoit si cher que ung homme n’eust pas esté saoul de pain à ung repas pour iii solz p., mais tantost après, [par] la grâce de Dieu, il vint assez de vivres ; et si estoient bien en l’ost plus de l mil hommes à cheval, sans ceulx de pié qui estoient grant foison.

54. Item, vers la fin de juillet, quant tout le pauvre commun, et de bonnes villes et de plat pais furent tous mengez, les ungs par tailles, les autres par pillaige, ilz firent tant que ilz firent traicter au jeune duc de Guienne, qui aisné filx du roy estoit et qui avoit espousée la fille au duc de Bourgongne, tant qu’il leur accorda par faulx traistres privez[2] qui estoient entour le roy, qu’ilz les feroit [tous] estre en la bonne paix du roy, et ainsi le fist il, qui [que] le voulsist veoir ; car chascun estoit moult agrevé de la guerre pour le grant chault qu’il faisoit ; [car on disoit que de aage de homme qui fust, n’avoit on veu faire si grant chault[3] comme il faisoit], et si ne plut point [depuis la sainct Jehan Baptiste], qu’il ne fust deux jours en septembre. Si furent les Arminaz si grevez qu’ilz estoient comme tous desconfiz par tout le royaulme de France[4], quant ce faulx conseil traicté fut ainsi machiné, et fut ordonné qu’ilz vendroient tous en la cité d’Aussoirre.

55. En ce temps furent plusieurs communes, comme de Paris, de Rouen et de plusieurs autres bonnes villes[5] · · · · · · · · · ·

  1. Ms. de Paris : Tous mors et frissons.
  2. Ms. de Paris : princes.
  3. Le lundi 15 août 1412, la chaleur fut si forte qu’au dire d’un contemporain « en issant des églises ou maisons et à venir en rue sembloit que l’on venist à la bouche d’un four chaut, tant estoit l’air eschauffé » (Arch. nat., Xia 4789, fol. 321 ro).
  4. Les mots « de France » manquent dans le ms. de Rome.
  5. Cette phrase tronquée termine le folio 21 v° du ms. de Rome. Bien que la main d’un annotateur du xvie siècle ait signalé l’absence d’un nombre indéterminé de feuillets, nous ne pensons pas que cette lacune puisse être considérable. Il y est évidemment question de la participation