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furent tuez moult de bonnes gens qui estoient dedens, et tous les biens perduz, dont il y avoit grant foison, car tous les villaiges d’entour y avoient leurs biens, qui furent tous perduz par le faulx traistre.

19. Item, le xxiiiie[1] jour d’octobre, prindrent Sainct-Denis, comme Sainct-Cloud par traïson d’aucuns qui estoient dedens, si comme on disoit que le signeur de Chaalons[2] en estoit consentent, lequel estoit au duc de Bourgongne.

20. Quant les bendez furent maistres des deux, de Sainct-Cloud et Sainct-Denis, ilz s’enorgueillirent tellement qu’ilz venoient jusques aux portes de Paris, car leurs signeurs estoient logez à Monmartre[3] et veoient[4] jusques dedens Paris, et qui y entroit et yssoit, dont ceulx de Paris avoient grant double. En ce temps avoit à Paris ung escuier nommé Enguerren de Bournonville[5] et ung nommé Amé de Vrey[6] qui moult leur firent d’escarmou-

    la garde, et qui pour ce et aucuns de ses complices ont esté décapitez, et ledit Colinet esquartelé. » (Arch. nat., Xia 1479, fol. 179 v°) Un arrêt extrait des Jugés du Parlement (Arch. nat., Xia 59, fol. 22 v°) mentionne également la prise du pont de Saint-Cloud « par la mauvaistié et traïson de Colinet de Puiseux ».

  1. Ms. de Paris : xiii.
  2. Jean de Châlon, sire d’Arlay, prince d’Orange, avait été préposé à la garde de la ville et de l’abbaye de Saint-Denis le 3 octobre 1411, mais, après plusieurs attaques vigoureusement repoussées, il ne voulut pas, faute de munitions, exposer la ville au péril d’un assaut et, le lundi 11 octobre, il la rendit aux ducs de Berry et d’Orléans par un traité que reproduit le Religieux de Saint-Denis (t. IV, p. 501).
  3. Montmartre était occupé par le sire de Gaule qui, de ce point, surveillait toutes les allées et venues des gens de guerre dans Paris. (Juvénal des Ursins, p. 469.)
  4. Ms. de Paris : venoient.
  5. Enguerran de Bournonville, écuyer picard, attaché à la personne du duc de Guyenne après le traité de Bicêtre, reçut avec Amé de Viry et le sire de Heilly le commandement de l’un des trois corps avec lesquels le duc de Bourgogne reprit Saint-Cloud ; l’année suivante, lors de l’expédition de Bourges, il figure au nombre des chefs qui conduisirent l’avant-garde de l’armée royale et finit misérablement ses jours en suite de la prise de Soissons en mai 1414 (Cf. Monstrelet).
  6. Les mss. portent « Brey ». — Amé de Viry, chevalier savoisien, qui, en 1409, osa s’attaquer au duc de Bourbon et lui fit guerre ouverte, fut nommé bailli de Mâcon le 4 novembre 1411, peu de jours avant l’attaque de Saint-Cloud où il paya de sa personne ; après s’être signalé par de nouveaux actes d’hostilité envers le duc de Bourbon, il prit une part active