Page:Journal d’un bourgeois de Paris 1405-1449.djvu/65

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des gens d’armes, très bon blé pour xviii ou pour vingt solz parisis le sextier.


[1411.]

15. Nota que le mardi darrain jour de juing iiiic et xi, jour de sainct Paul, environ huit heures après disner, gresla, venta, tonna, espartit le plus fort que homme qui adonq fust eust oncques veu[1].

L’an mil cccc et xi ensuivant, recommancerent ceulx de la bende à faire[2] leur mauvaise vie, car en aoust, vers la fin, vindrent devant Paris, du costé de devers Sainct-Denis, et deffierent le duc de Bourgongne, et fist chascun son assemblée vers Montdidyer. Mais que les bandez sceurent la belle compaignie que Bourgongne avoit, ilz ne l’osèrent oncques assaillir, et si les attendit-il par cinq sepmaines. Quant le duc vit la chose, il dist que ilz n’avoient guerre que au roy et à la bonne ville de Paris, lors renvoya ses communes et les convoya[3] grant païs[4].

16. Et les faulx bendez Armignaz commencèrent à faire tout le pis que ilz povoient, et vindrent au plus près de Paris, en plaines vendenges, c’est assavoir, environ mynuit entre sabmedy et dimenche, iiie jour d’octobre mil iiiic et xi, furent à Pantin, à Sainct-Ouin, à la Chappelle-Sainct-Denis, à Monmartre, à Glinencourt et par tous les villaiges d’entour Paris dudit costé, et assegerent Sainct-Denis. Et firent tant de maulx, comme eussent fait Sarazins, car ilz pendoient les gens, [les uns] par les poulces, autres par les piez, les autres tuoient et rançonnoient, et efforçoient femmes, et boutoient feuz, et quiconcques ce feist, on disoit : « Ce font les Armignaz[5] », et ne demeuroit personne esdiz villaiges que eulx mesmes. Cependent vint Pierre des Essars à

  1. Cette note, relative au terrible orage dont parle Juvénal des Ursins (p. 464), se trouve dans les manuscrits de Rome et de Paris, à la suite des extraits se rapportant à la fin de l’année 1408 et au commencement de l’année 1409 ; nous la rétablissons en tête de l’année 1411.
  2. Les mots « à faire » manquent dans le ms. de Rome.
  3. Ms. de Rome : renvoia.
  4. Les faits ne sont pas présentés sous leur vrai jour ; on sait que les communes de Flandre abandonnèrent le duc de Bourgogne malgré ses instances et en dépit des humbles supplications que leur adressa le duc de Brabant (cf. le récit de Monstrelet, t. II, p. 182).
  5. Ms. de Paris : Ce sont les Armagnacs qui eux mesmes se pendent.