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5. Le xvie jour de novembre ensuivant, à ung sabmedi, les davantdiz signeurs, c’est assavoir Navarre, Loys, etc., enmenerent le roy à Tours, dont le peuple fut moult troublé ; et disoient bien que, ce le duc de Bourgogne eust (esté) icy, qu’ilz ne l’eussent pas fait, ainsi le firent ; et là fut, que là que à Chartres, xvii sepmaines, et par plusieurs foys y fut le prevost des marchans 1 et des bourgois de Paris, qui y furent mandez, et si n’y arresterent oncques preu pour eulx ne pour le peuple.


[1409.]

6. Le neufviesme jour de mars ensuivant revint le duc de Bourgongne à tout noble gent, et le xviie jour dudit moys de mars à [1]

    intelligible, qui s’applique à la révolte des Liégeois contre leur évêque, révolte comprimée par le duc de Bourgogne. Monstrelet (édit. Douët d’Arcq, t. I, p. 355) rapporte « que le xxiiie jour de septembre (1408) yssirent de la cité de Liège bien 50,000 hommes ou environ » ; le même chroniqueur (t. I, p. 365), ainsi que Le Févre de Saint-Remy, évalue à 28, 000 le nombre des combattants de cette ville qui périrent dans cette rencontre. Juvénal des Ursins (édit. Michaud, p. 448) indique un chiffre un peu moins élevé, 20 à 24, 000, mais atténue dans des proportions exagérées les pertes des Bourguignons.

  1. Charles Cul-d’Oe, qui occupa avec honneur la prévôté des marchands dans des temps difficiles, fut envoyé à Tours pour obtenir le retour du roi à Paris ; en 1411, il se rendit à Melun avec mission de négocier un rapprochement entre les ducs d’Orléans et de Bourgogne (Juv. des Ursins). Devenu complètement impopulaire lors de la sédition cabochienne, il prit la fuite avec plus de trois cents bourgeois, fut destitué et remplacé par Pierre Gencien. On le retrouve à Paris quelques années plus tard, au milieu de circonstances non moins critiques. Le lundi 22 août 1418, une troupe armée envahit le Louvre pour en arracher trois ou quatre prisonniers, « entre lesquelz estoit maistre Charles Cul-d’Oe qui fu amené ou Chastellet et baillié au lieutenant du prevost de Paris, qui vix pro tune vivus evasit. » (Arch. nat., Xia 1480, fol. 143.) S’il faut en croire le Religieux de Saint-Denis (t. VI, p. 267), Cul-d’Oe, tiré de la bastille Saint-Antoine, aurait été sauvé du massacre des prisonniers par Capeluche. Quoi qu’il en soit, il est certain qu’il parvint à s’échapper et à quitter Paris une seconde fois ; en 1421, sa maison rue de la Tournelle était occupée par Louis de Robersac, chevalier (Sauval, t. III, p. 289). Charles Cul-d’Oe mourut très vraisemblablement de 1435 à 1436, car sa veuve, Jacqueline Quipie, était alors en procès avec Jean de Villiers, seigneur de l’Isle-Adam, au sujet de la propriété d’un immeuble non désigné, mais qui doit être un grand hôtel avec jardin, sis rue de la Tonnellerie et donnant sur la rue des Prouvaires (Arch. nat., Xia 1482, fol. 3 v° ; cf. Sauval, t. III, p. 310).