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les portes de Paris fermées, ce non iiii, c’est assavoir la porte Sainct-Denis, Sainct-Anthoine, Sainct-Jacque et Sainct-Honoré. Et le dixiesme jour de septembre ensuivant furent murées de plastre la porte du Temple, la porte Sainct-Martin et celle de Montmartre[1].

2. Et le vendredi ensuivant, xiie jour dudit moy, aryva à Paris l’evesque du Liège[2], et lui fist faire serement le prevost de Paris et autres, à l’entrée de la porte Sainct-Denis, que il ne seroit contre le roy, n’encontre la ville, ne lui, ne les siens, mais leur seroit garant de trestout son povair, et ainsi le promist-il par la foy de son corps et par son signeur, et après entra à Paris et fut logé en l’ostel de la Trimoullie[3]. Et icellui jour après sa venue,

    Bourgogne et d’Orléans de procéder l’un contre l’autre par voie de fait ou d’injure. (Ibid., fol. 226 v°.)

  1. Entre autres dispositions prises à Paris dans la crainte d’une entrée à main armée du duc d’Orléans, Monstrelet rapporte que l’on fit abattre plusieurs apentis d’aucunes maisons, afin que par les rues on peust plus facilement traire, lancier et gecter pierres sans empeschement. » Une procédure engagée au Parlement, en juillet 1407, contre la prévôté de Paris et la prévôté des marchands, permet de compléter les notions un peu vagues fournies par le chroniqueur bourguignon. Voici, d’après le registre du Parlement (Arch. nat., Xia 4787, fol. 577 v°), l’exposé présenté au nom du procureur du roi : « Le procureur du roy dit que n’a que ii ans ou environ que à Paris avoit molt de gens d’armes, pour quoy fu ordonné de pourveoir à pluseurs maisons notables et châteaux de Paris, comme au Louvre, St-Antoinne, le Palaiz et les Chastellès, entre lesquelx fu ordonné que les maisons qui estoient devant le Petit Chastellet au Petit Pont seroient démolies et abbatues, pour faire front audit Chastellet. » La démolition s’opéra de nuit, « à falos, à grant foison de gens. »
  2. Jean de Bavière. — La Chronique de Jean de Stavelot fait connaître quelques particularités intéressantes sur son séjour à Paris : les grands seigneurs français ayant eu l’idée de faire le soir quelques parties de dés en l’hôtel habité par l’évêque de Liège, le sort favorisa tellement ce prélat qu’il leur gagna tout leur argent. « Adonc, raconte le chroniqueur, uns des prinches mult yreis deist : « Queil dyable de priestre a-t-y chi ? Comment, nos gangnerat ilh tout nostre argent ? » Adonc monsangneur de Liège soy levât del tauble et dist en chourchant : « Je ne suy pas preistre, et de vostre argent je n’ay que faire. » Et le prist et le jetta et l’espandit partout, dont y pluseur orent grant mervelle de sa grant liberaliteit. » (P. 96.)
  3. L’hôtel de la Trémoille, logis seigneurial de la famille de ce nom, bien connu au xve siècle sous la dénomination de « maison des Carneaux », à cause des créneaux qui couronnaient ses murs de clôture, était situé dans la rue des Bourdonnais et s’étendait le long de la rue de Béthisy