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INTRODUCTION

Marcel peut se préciser par un acte du 7 septembre 1437, où nous voyons Jean Chuffart résigner la chapellenie de Sainte-Catherine en l’église paroissiale de Boulogne pour le doyenné de Saint-Marcel[1].

Le Journal parisien ne renferme que peu d’indications qui puissent se référer au chanoine de Saint-Marcel. Cependant nous citerons le paragraphe relatant une course des Armagnacs à Saint-Marcel dans la nuit du 7 mai 1433, c’est-à-dire à une époque où Jean Chuffart était déjà membre de la collégiale ; cette incursion, peu importante en elle-même, dut causer au chanoine des préoccupations d’autant plus vives qu’il possédait dans ce bourg une maison devant l’Hôtel-Dieu, au coin de la rue de Bièvre, avec terres labourables, jardin et vignes.

C’est en nous mettant au même point de vue que nous relèverons dans le Journal parisien une double mention concernant Vitry-sur-Seine ; la première, de l’année 1432, est relative à l’effondrement de l’église, qui fut foudroyée le jour de la Saint-Jean-Baptiste, au moment des vêpres ; la seconde, du commencement de l’année 1434, nous renseigne sur le pillage et l’incendie du village par les Armagnacs. Pour qu’un chroniqueur ait cru devoir conserver le souvenir d’accidents locaux relativement aussi peu importants, il faut que ses intérêts personnels ou ceux de la communauté à laquelle il appartenait se soient trouvés engagés. Or le chapitre de Saint-Marcel avait des possessions à Vitry, et lors de la répartition des gros revenus faite entre les chanoines le 22 février 1437[2], Vitry et les grands cens de Saint-Marcel furent attribués à Jean Chuffart qui, aux termes d’un bail passé le 24 août 1431, exploitait déjà sur le territoire de l’Hay et de Chevilly des biens d’une certaine importance[3].


h. l’auteur du journal parisien exploite des vignes à saint-marcel.

Un fait que l’on ne saurait mettre en doute, c’est que l’homme d’église à qui doit être attribué le Journal parisien se livrait à la culture de la vigne dans de vastes proportions et que la majeure partie de ses vignobles se trouvaient situés du côté de Saint-Marcel ; notre texte va nous permettre d’établir ces divers points.

Les nombreux lecteurs du Journal parisien savent avec quel soin minutieux l’auteur note les accidents climatériques, les variations

  1. Arch. nat., L 422, No 36.
  2. ibid., LL 35, fol. 18 Vo.
  3. Ce bail, sur parchemin, est revêtu du sceau de Jean Chuffart (Arch. nat., S 3iia, No 57). Nous saisissons cette occasion pour signaler à nos lecteurs la signature du même personnage qui se trouve plusieurs fois répétée dans le registre constatant les prêts de titres faits par le notaire du chapitre de Notre-Dame (Arch. nat., LL 460).