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INTRODUCTION

tionne le passage de Jean l’Archer par la rue Saint-Martin, ni le meurtre de ces deux bourgeois inoffensifs, très bons mesnagers et hommes d’honneur, qui furent massacrés devant Saint-Merry. Ne semble-t-il pas que le narrateur ait eu connaissance de ces menus faits par quelque témoin oculaire, car il tombe sous le sens que dans un moment aussi critique un homme d’église ne pouvait prendre plaisir à courir les rues sous les flèches des Anglais ? Or, voici ce que nous apprennent les registres capitulaires cités plus haut. Trois ans après l’expulsion des Anglais, le 30 avril 1440, une pauvre femme, sœur Gillette, veuve de Jean le Prêtre, appartenant à la communauté de la Chapelle Haudry, se présente devant le chapitre de Saint-Germain-l’Auxerrois, et, ce qui ne laisse aucun doute sur son identité, elle vient pour solliciter des chanoines le dégrèvement de quatre livres de rente qu’elle devait au corps capitulaire pour sa maison sise devant Saint-Merry, maison qui tombait en ruine[1]. Ne peut-on admettre que notre chanoine, avide de se renseigner sur les incidents peu connus du départ des Anglais, ait profité de cette occasion pour recueillir de la bouche de cette malheureuse veuve la relation de la fin tragique de son mari et des circonstances au milieu desquelles cette fin s’était produite ? Sans insister outre mesure sur une coïncidence qui n’est peut-être due qu’au hasard, nous ne croyons pas inutile de la signaler à l’attention des érudits.


g. l’auteur du journal appartient au clergé de la collégiale de saint-marcel.

De toutes les prébendes que recueillit Jean Chuffart dans le cours de sa longue existence, celle de Saint-Marcel fut la première dans l’ordre chronologique. Reçu chanoine de cette collégiale le 26 janvier 1432 au lieu et place de Jean Perrin[2], il obtint en 1487 le premier rang dans le chapitre. La date de sa réception comme doyen de Saint--

  1. « Anno Domini mccccxl, die penultima mensis aprilis, capitulantibus dominis. Venit ibidem soror Gileta, vidua deffuncti Johannis le Prestre, ad presens de Cappella Haudry, dixit et exposuit quod quedam domus que est sita ante Sanctum Medericum, quam ipsa possidet, ad presens est valde ruynosa, et ipsi domini consueverunt recipere supra ipsam domum. quatuor libras redditus, quem redditum non posset solvere de presenti, nisi per ipsos dominos fuerit de dicto redditu facta remissio ; quiquidem domini commiserunt magistrum Nicasium Joye et dominum Eustachium de Fonte ad conveniendum cum magistro dicte Cappelle Haudry super hoc et super xl solidos redditus quos ipsa Cappella recepit supra quamdam domum que pertinet ad communitatem ecclesie, et quicquid fecerunt habebunt repportare. » (Arch. nat., LL 498, fol. 79 vo.)
  2. Arch, nat., LL 34, fol, 95.