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INTRODUCTION

On le voit, le chancelier Jean Chuffart répond à toutes les exigences de notre journal. Non seulement il occupait dans l’université un rang élevé, mais encore il faisait partie du corps enseignant ; aussi pouvait-il, sans orgueil exagéré, se compter au nombre de ces parfaits clercs qui soutinrent au collège de Navarre une discussion publique contre Fernand de Cordoue. En rehaussant ainsi la valeur de sa personne, Jean Chuffart obéit probablement à un sentiment d’irritation motivé par les attaques dont il fut l’objet au sein de l’université. La faculté de théologie ne put jamais lui pardonner son élévation au poste de chancelier de l’église de Paris et ne cessa de demander que le chancelier de Notre-Dame fût choisi à l’avenir parmi les maîtres en théologie à l’exclusion de tous autres ; elle finit par triompher et, le 4 mai 1444, fit présenter au chapitre les bulles d’Eugène IV faisant droit à cette réclamation[1].


e. l’auteur du journal est l’un des clercs attachés a la maison d’isabeau de bavière.

Le Journal parisien renferme çà et là quelques mentions relatives à Isabeau de Bavière dans la dernière période de son existence, à un moment où, reléguée dans l’hôtel de Saint-Paul, cette reine était en quelque sorte oubliée de tous ; il nous paraît difficile de croire que certaines de ces mentions soient un pur effet du hasard. À la rigueur on comprend qu’un chroniqueur, un chroniqueur parisien surtout, ait inséré dans son récit ce qui a trait aux funérailles de la reine déchue, qu’il se soit trouvé à même de remarquer les larmes versées par Isabeau de Bavière lors du passage de son petit-fils devant l’hôtel de Saint-Paul ; mais il n’est guère admissible qu’une personne étrangère à son entourage ait pu écrire ce que rapporte l’auteur du Journal à l’année 1424, alors qu’Isabeau de Bavière se consumait dans la pauvreté et dans l’abandon.

Voici au reste en quels termes s’exprime notre chroniqueur :

En icellui temps, estoit la royne de France demourante à Paris, mais elle estoit si pouvrement gouvernée qu’elle n’avoit tous les jours que viii sextiers de vin tout au plus pour elle et son tinel, ne le plus de Paris qui leur eust demandé : « Ou est la royne ? » ilz n’en eussent sceu parler.

Tant en tenoit on pou de compte, que à paine en challoit il au peuple, pour ce que on disoit qu’elle estoit cause des grans maulx et douleurs qui pour lors estoient sur terre.

Item, la royne de France ne se mouvoit de Paris, ne tant ne quant, et

    nacion, ou pour aidier à parfaire leurs escolles en la rue au Feurre. » (Arch. nat., S. 851.)

  1. Arch. nat., LL 218, p. 575.