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l'un des commissaires désignés par le chapitre pour présider à divers travaux préliminaires, veiller notamment à ce qu’il ne fût distrait aucune portion de métal provenant de la cloche brisée[1] ; ce fut le même personnage qui fit marché avec un charpentier pour la descente de la cloche Jacqueline.

Lors de l’entrée du régent à Paris le i8 décembre 1434, notre chroniqueur met dans son récit qu’à la bastide Saint-Denis se tenaient « les enfans de cuer de Nostre Dame qui moult chantoient mélodieusement ». Cette mention qui, en elle-même, n’offre pas grand intérêt, mérite cependant d’être remarquée, parce que les registres capitulaires témoignent de la sollicitude avec laquelle le chancelier de l’église de Paris s’occupait des enfants de chœur de Notre-Dame et de leurs intérêts[2], sollicitude qui ne se démentit pas un instant ; par son testament, Jean Chuffart laissa aux enfants de chœur de Notre-Dame une maison sise rue Saint-Denis, en même temps qu’il légua son hôtel du Bourget à ceux de Saint-Germain l’Auxerrois[3].

La main d’un prêtre de Notre-Dame mêlé aux incidents de la vie capitulaire se retrouve à tout instant dans la rédaction du Journal parisien, il est facile de s’en rendre compte en parcourant un recueil d’actes dressé pendant la domination anglaise par le notaire du chapitre de Notre-Dame, Nicolas Sellier ; ce recueil nous permet de compléter le récit de quelques menus faits rappelés sommairement dans notre Journal. Ainsi en 1426, le chroniqueur parle en termes assez vagues d’une procession à Saint-Magloire au sujet de certains hérétiques plus amplement mentionnés dans une portion de son Journal aujourd’hui perdue. Le protocole de Nicolas Sellier contient les principales pièces de la procédure instruite contre ces hérétiques et rend intelligible une suite de faits dont l’ensemble est difficile à saisir. D’après ce registre, un clerc du nom de Guillaume Vignier, et ses associés, maître Ange Jouen, Jean l’Amy, Ambroise Maloisel de Gènes et Philippe de Roques se laissèrent circonvenir par un prêtre nommé Rodigue, qui, pensant leur extorquer de l’argent, leur fit espérer la découverte de trésors au moyen de sortilèges ; ces malheureux furent l’objet de poursuites dirigées par Jean Graveran, inquisiteur de la foi, et tinrent prison une année durant. Par suite d’un conflit de juridiction que souleva l’évêque de Paris, le pape Martin V dut intervenir et désigner des commissaires chargés de juger le procès ; savoir, les

  1. Arch. nat., LL 216, fol. 191.
  2. On voit notamment que le 27 avril 1433, pendant la maladie de Raoul le Fourbeur, maître des enfants de chœur, Jean Chuffart et Pierre d’Orgemont furent chargés par le chapitre de pourvoir à la subsistance de ces enfants (Arch. nat., LL 217, fol. 42).
  3. Testament de Jean Chuffart, Arch. nat., S 851.