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tives à Notre-Dame ou au corps capitulaire. L’auteur trahit involontairement sa qualité, soit qu’il décrive avec un véritable luxe de détails la cérémonie des obsèques de Charles VI, la réception du régent à Notre-Dame en 1424, le sacre du jeune roi d’Angleterre en 1431, soit qu’il parle des processions de 1426, 1427, 1429, 1431, soit qu’il mentionne les élections des différents prélats qui se succédèrent sur le trône épiscopal de Paris, élections auxquelles il dut prendre part comme chanoine de Notre-Dame. S’il consacre un paragraphe à l’élection de Nicolas Fraillon demeurée sans résultat, c’est que Nicolas Fraillon fut choisi et recommandé par le chapitre, qui par ce choix se mit en opposition avec le gouvernement anglais[1].

Dans diverses occasions , l’auteur du Journal parisien nous entretient de cérémonies religieuses qui se passaient à Notre-Dame et qui n’intéressaient que le clergé de la cathédrale ; nous voulons parler des ordinations faites par l’évêque de Paris à la fin de la semaine sainte. A deux reprises différentes, en 1433 et 1439, il mentionne la venue à Paris d’un prélat étranger pour la célébration des offices de la semaine sainte et la collation des ordres ; il observe même à l’année 1433 que cet évêque « les fit si matin que grande partie de toutes ordres à ce jour faillirent. » Ces détails dans la bouche de notre chroniqueur ne peuvent s’expliquer qu’en admettant sa présence habituelle au sein du clergé de Notre-Dame, seul au courant de toutes ces particularités.

Lorsque l’auteur du Journal nous apprend qu'au mois de juillet 1427 l’évêque de Paris interdit à toute femme l’entrée du chœur du « moustier » pendant la durée des offices, de quel « moustier » veut-il parler, si ce n’est de l’église cathédrale, et qui pouvait connaître ce règlement transitoire en dehors des chanoines et chapelains ? Une réflexion analogue vient à l’esprit en lisant ce paragraphe où le chroniqueur prend soin de noter que le dimanche 26 janvier 1428 (v. st.) on commença à dire les heures canoniales à Saint-Jacques de la Boucherie comme à Notre-Dame, et il est permis de se demander pour qui un détail aussi insignifiant pouvait présenter quelqu’intérêt, si ce n’est pour un prêtre de Notre-Dame ? On pourrait en dire autant de l’article du Journal relatif à la refonte de la grosse cloche de Notre-Dame, connue sous le nom de Jacqueline : l’exactitude des renseignements donnés par notre auteur n’indique-t-elle pas jusqu’à un certain point la source officielle à laquelle ils sont puisés ? D’après les délibérations capitulaires de cette époque, Jean Chuffart fut précisément

  1. D’après un recueil d’actes capitulaires conservé à la Bibliothèque nationale, Jean Chuffart fut l’un des trois chanoines délégués, le 11 novembre 1426, auprès du roi d’Angleterre, pour lui notifier le choix du chapitre et demander son agrément (Mss. latin 17740, fol. 262).