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rendit à Montmartre. En présence de déclarations aussi explicites, n’est-il pas permis de supposer avec quelque vraisemblance que l’auteur du Journal parisien, qui est, ne l’oublions pas, un homme d’église, pouvait bien faire partie du clergé de Notre-Dame, soit à titre de chanoine, soit à titre de chapelain ? On nous objectera sans doute que cette procession, comme la plupart de celles qui avaient lieu à cette époque, pouvait comprendre non seulement les prêtres de Notre-Dame, mais encore ceux d’autres églises.

Nous répondrons que notre chroniqueur n’entend point parler d’une de ces processions générales qui mettaient en mouvement toute la population parisienne, et où l’on voyait cheminer côte à côte prêtres, suppôts de l’Université, magistrats et bourgeois, celles-là sont toujours bien clairement désignées dans notre Journal ; l’auteur n’a en vue qu’une procession ordinaire du clergé de Notre-Dame, qui se rendait chaque année à Montmartre, le jour de la fête des Rogations, cérémonie particulière à l’église cathédrale, à laquelle ne devaient participer que les prêtres appartenant au corps de Notre-Dame[1].

Le passage du Journal relatif à la procession du 26 mai 1427 avait déjà frappé l’attention du plus ancien possesseur connu du manuscrit de Rome, le président Fauchet, qui inscrivit en marge de son volume la réflexion suivante : « Il semble que l’autheur fut du corps de Nostre Dame. » Du moment que notre chroniqueur, auquel on ne peut refuser la qualité d’homme d’église, se met en scène parmi les prêtres qui prirent part à une procession spéciale au clergé de Notre-Dame, n’est-il pas rationnel de croire qu’il appartenait lui-même à ce clergé ? Bien que Beaurigout ait été l’un des chapelains de l’autel Saint-Léonard en l’église cathédrale, sa personne semble a priori devoir être écartée ; en effet, les registres

  1. Les registres capitulaires de Notre-Dame établissent constamment une distinction entre les processions propres à Notre-Dame et les processions générales ; dans la première catégorie peuvent être rangées les processions qui se faisaient traditionnellement chaque année à Saint-Martin-des-Champs et à Montmartre. Il suffit de parcourir les registres capitulaires du xve siècle pour rencontrer, pour ainsi dire chaque année, mention des processions de la fête des Rogations particulières à Notre-Dame. En voici quelques exemples : 1434. — « Veneris xx et ultima aprilis. Fiant processiones Rogationum, ut in anno precedenti. » (Arch. nat., LL 217, fol. 94.) 1435. — « Veneris xx maii. Fiant processiones in ebdomada proxime venienti ........ prout in anno preterito, propter guerras et pericula, et fiat statio ante Sanctum Nicolaum. » (Arch. nat., LL 217, fol. 147.) 1443. — « Veneris xxiv maii. Fiat die lune proxima processio Ecclesie apud Sanctum Montem martyrum. » (Arch. nat., LL 218, fol. 437.)