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l’attention sur ce précieux document qu’ils attribuèrent à un personnage ecclésiastique, homme d’église ou théologien ; c’est notamment Fauchet qui inscrivit en marge du plus ancien manuscrit de notre Journal la note suivante : « Il semble que l’autheur ait esté homme d’église ou docteur en quelque faculté, tout au mains de robe longue. » Cette mention se trouve précisément en regard du passage tant de fois cité où le narrateur se met en scène au milieu des clercs qui argumentèrent contre Fernand de Cordoue, ce jeune Espagnol, dont le savoir prodigieux émerveilla l’Université.

Au milieu du xviie siècle, Denis Godefroy inséra dans son recueil consacré au règne de Charles VI, des extraits de notre chronique et la donna comme l’œuvre d’un bourgeois de Paris.

Au xviiie, l’académicien de La Barre, à qui nous sommes redevable de la première édition complète du Journal parisien, fort embarrassé de concilier l’attribution de ce texte à un bourgeois de Paris avec le passage signalé plus haut, trouva commode d’imaginer deux auteurs successifs, l’un bourgeois de Paris pour la première partie, l’autre suppôt de l’Université pour la seconde, à partir de l’année 1431. Bien que cette opinion ait été adoptée sans conteste par les éditeurs des collections historiques, tels que Buchon et Michaud, elle ne saurait soutenir la discussion : comme l’a très justement observé M. Jules Quicherat[1], le Journal parisien n’a qu’un style, qu’un esprit et qu’un auteur.

De nos jours de nouvelles hypothèses se sont produites et pour la première fois l’on a essayé de dénommer l’auteur présumé du Journal. MM. Vallet de Viriville et de Beaucourt[2], se fondant sur le chapitre de la chronique de Mathieu d’Escouchy, relatif au josne clerc natif des Espaingnes, ont cru pouvoir considérer comme l’auteur de la chronique des règnes de Charles VI et Charles VII un théologien bien connu, Jean de l’Olive, l’un des docteurs de l’Université qui assistèrent à la dispute du collège de Navarre ; mais la seule présence de Jean de l’Olive à l’examen du clerc espagnol dans une assemblée comptant, au dire de l’auteur du Journal, plus de cinquante des plus parfaits clercs de l’Université suffit-elle pour justifier des conclusions aussi affirmatives ? Nous ne le pensons pas.

Récemment, l’un de nos chercheurs les plus ingénieux et les plus heureux a repris la question, et dans un intéressant mémoire[3] a émis de nouvelles conjectures qui méritent un plus sérieux examen.

  1. Procès de Jeanne d’Arc, t. IV, p. 461.
  2. Vallet de Viriville, Histoire de Charles VII, t. III, p. 97. — De Beaucourt, Chronique de Mathieu d’Escouchy, t. I, p. 72.
  3. Conjectures sur l’auteur du Journal parisien de 1409 à 1449, dans les Mémoires de la Société de l’Histoire de Paris, t. II, p. 310 à 329.