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MAI-JUIN 1870.

Bodhi-garbha-vajra de l’île de Ceylan[1], située à 600 yôjana[2] au sud, le grand pandit Ananda-çrî, sorti d’une famille brahmanique, mais devenu novice (pravrajita), puis régulièrement reçu (upasampanna). Sous sa direction, le Lotsava renommé Ñi-ma rgyal-mts’an dpal-bzang-po, bhixu de Çâkya, a traduit, puis, après examen, revu (ce sûtra) dans le grand et fortuné monastère de Thar-pa gling, où résident des hommes versés dans les deux langues. Puisse-t-il (ce sûtra) être sur la terre comme le soleil et la lune !


De ce texte il résulte qu’un pandit singhalais, d’origine brahmanique, Ananda-Çrî, aurait présidé à la traduction de ce sûtra ; on l’aurait fait venir (le texte ne le dit pas en propres termes, mais cela résulte du contexte) d’un monastère de Ceylan, appelé, d’après le tibétain, Byang-chub-kyi-sñing-po rdo-rje, que je rétablis en sanskrit sous la forme Bodhi-garbha (ou hrdaya)-vajra. Ce pandit, qui l’aurait fait venir ? Ici il y a un doute ; je crois voir deux noms dont il m’aurait été facile de donner les équivalents sanskrits, à un ou deux éléments près ; mais je n’ai pas cru que ce fût nécessaire, puisque ces personnages sont évidemment des Tibétains[3]. Mais y a-t il vraiment deux personnages ? J’aimerais mieux qu’il n’y en eût qu’un et que ce fût un roi ; mais quoique, à la rigueur, je pusse trouver, dans ce que je considère comme le deuxième nom, des

  1. Sigha-gling-pa = Sk. sinhala-dvîpa (Sk. signifie : sanskrit).
  2. Dpag-ts’ad.
  3. Du reste, voici les restitutions : le premier nom serait : Çuklapaxa (candravardhana) mukha-kâya ; le deuxième : yaçô-dhvaja-varamânsa.