Page:Journal asiatique, série 1, tome 4.djvu/32

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 30 )

bientôt en de folles dépenses ! Telles étaient les pensées qui l’occupaient, quand auprès de la demeure du brahmane, il voit un veisya. Qui es-tu, lui dit le roi ? et quel motif t’amène en ce lieu ? quel malheur a répandu sur tes traits cette sombre tristesse ? Ainsi parlait le roi, et ses paroles étaient affectueuses ; le veisya l’entendit, et le saluant avec reconnaissance, il lui répondit en ces termes :

LE VEISYA PARLE.

Je suis un veisya, je me nomme Samadi. Né dans une famille riche, j’ai été abandonné de mes femmes et de mes enfans. Leur avide cupidité m’a dépouillé de mes richesses, et seul, privé de mes femmes, de mes enfans, des parens en qui j’avais mis ma confiance, dans mon malheur, je me suis retiré dans la forêt. Là, je ne vois plus mes fils ; je ne sais si mes femmes et mes enfans sont vertueux ou coupables. Et cependant sont-ils heureux ? dois-je apprendre leur bonheur ou leur infortune ? Mes fils ! que font-ils ? criminels ou vertueux, quel est leur sort ?

LE ROI PARLE.

Eh quoi ! privé de tes richesses par des fils et des femmes coupables, quel lien d’affection peut encore t’attacher à eux ?

LE VEISYA PARLE.

Seigneur, il est bien vrai mais que faire ? Mon âme outragée ne saurait se résoudre à la haine. Les cruels ! ils m’ont repoussé ! ils ont sacrifié à la soif des