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qu’il avait été dans ses existences antérieures. On sait que Pythagore se ressouvenait parfaitement bien d’avoir été tué autrefois par Ménélas, et qu’il reconnut à Argos le bouclier qu'il avait au siége de Troyes : De même un Lama qui écrivait en 1774 à M. Hastings, pour lui demander la permission de bâtir une maison de pierre sur les bords du Gange, faisait valoir, à l’appui de sa demande, cette circonstance remarquable, qu’il avait jadis reçu le jour dans les villes d’Allahabad, de Bénarès, de Patna, et dans d’autres lieux des provinces de Bengale et d’Orissa. La plupart de ces pontifes, quand ils se voyaient parvenus à un âge avancé, mettaient eux-mêmes fin aux infirmités de la vieillesse, et hâtaient, en montant sur un bûcher, le moment où ils devaient goûter de nouveau les plaisirs de l’enfance. Cet usage, la meilleure preuve de la confiance qu’ils avaient dans leur propre divinité, s’est transmis jusqu’à nos jours, avec cette modification essentielle, que les Grands Lamas d’aujourd’hui, au lieu de se brûler vifs comme Calanus et Peregrinus, ne sont livrés aux flammes qu’après leur mort.

Au cinquième siècle de notre ère, Bouddha, alors fils d’un roi de Mabar dans l’Inde méridionale, jugea à propos de quitter l’Hindoustan pour n’y plus revenir, et d’aller fixer son séjour à la Chine. On peut croire que cette démarche fut l’effet des persécutions des Brahmanes, et de la prédominance du système des castes. Le Dieu s’appelait alors Bodhidharma ; à la Chine, où l’on a coutume de défigurer les mots étrangers, on l’a nommé Tamo, et plusieurs mission-