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secte aux abois, et c’est ce qui m’a conduit à rechercher l’origine des Grands Lamas, l’époque de cette singulière institution, et les variations qu’elle a subies ayant d’arriver à l’état où nous la voyons. La lumière sur ce sujet nous est venue du fond de l’Orient, et, sans un fragment précieux qui nous a été conservé dans l’Encyclopédie des Japonais, nous serions encore réduits aux notions vagues dont on s’était contenté jusqu’à présent, et que les plus savans missionnaires n’avaient pu dissiper complètement, faute d’avoir connu les textes précis et les faits positifs que des recherches suivies m’ont permis de découvrir.

On sait depuis long-tems que dans l’opinion des Indiens, les âmes des hommes et les Dieux mêmes sont soumis à la transmigration, et assujétis à se montrer successivement dans l’univers sous des noms différens. Bouddha, ce divin réformateur, qui naquit il y a près de 3,000 ans, dans la personne du législateur Chakia-mouni, a usé de ce privilége pour perpétuer sa doctrine, et la préserver à jamais de toute altération. En conséquence, à peine était-il mort, 970 ans avant notre ère, qu’il reparut immédiatement, et devint lui-même « son propre successeur. Il tira beaucoup d’avantages de cette manière d’agir, et s’y attachant invariablement pour la suite, il ne mourut plus que pour renaître. L’auteur japonais nous fournit pour l’espace de 1,700 ans, les élémens de cette généalogie d’un genre tout nouveau, et telle qu’on n’en voit de semblable nulle part. Nous avons trouvé ailleurs la preuve que, suivant les Bouddhistes elle n’a