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monde et leur famille, ils n’aspiraient plus qu’à rentrer dans le sein de la divinité, dont leur ame n’était qu’une émanation, et ils hâtaient ce moment fortuné par une mort volontaire. C’était par une route plus difficile, que d’autres arrivaient au même but : séparés du reste des hommes, confinés dans des monastères éloignés, soumis à de rigoureuses austérités, plongés dans de profondes méditations sur l’essence divine, ces pieux cénobites croyaient s’identifier avec l’être dont ils recherchaient la nature ; et les peuples, touchés de la sainteté de leur vie, leur décernaient vivans les honneurs divins ; et, en les reconnaissant pour rois, ils croyaient n’avoir pas d’autre chef que Dieu lui-même. Plusieurs des traits de ce tableau de l’Inde européenne subsistent encore dans l’Inde asiatique et dans les régions limitrophes. Partout, en remontant à des époques fort éloignées de nous, on retrouve en Europe et en Asie, à des distances immenses et avec les mêmes noms, des divisions d’une même nature, dispersées par les étonnantes révolutions dont nous venons de parler.

Les peuples sont, pour ainsi dire, les seuls personnages qui figurent dans cette partie intéressante de l’histoire, qui est celle de nos ancêtres. À peine connaissons-nous les noms de quelques-uns des conducteurs de ces antiques et puissantes colonies ; ce n’est qu’en approchant de nous, que les ténèbres se dissipent peu à peu, et que les faits historiques paraissent avec toutes leurs circonstances. La puissance des Arsacides est la première de ces grandes dominations,