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(Août 1822.)

langue, de grammaire, d’institutions, de mœurs, de religion et d’organisation physique, qui rapprochent tous les peuples de l’Europe ancienne et moderne, des nations de l’extrême Orient. On sait que c’est des frontières de l’Asie que venaient les barbares qui détruisirent l’empire romain ; leur voisinage des nations asiatiques, explique la ressemblance que l’on remarque entre eux. Mais croit-on que ce soit la seule fois qu’une pareille révolution se soit opérée ? croit-on qu’elle ne se soit pas renouvelée plusieurs fois et à des époques bien plus anciennes, lorsqu’il n’existait pas encore des empires assez puissans pour arrêter ces redoutables émigrations ? La terre classique est encore soumise au joug des Turks qui, jadis, étaient voisins des Chinois ; ils dominent encore dans la basse Asie et en Égypte : hé bien ! long-tems avant les époques marquées dans les histoires ordinaires, des hommes qui n’étaient pas de la même race, mais qui venaient presque d’aussi loin, soumirent l’Asie et l’Europe à leur domination, et le Nil reconnut leurs lois. À travers l’empire actuel de Russie, ils envahirent la Grèce et la Germanie, pénétrèrent en Espagne, et, comme les Vandales depuis, ils franchirent les colonnes d’Hercule, et passèrent en Afrique, où ils s’étendirent jusqu’aux rives lointaines du Sénégal. Une Inde, différente de l’Inde asiatique, exista en Europe ; les rites et les institutions des Brahmanes y furent en pleine vigueur ; là aussi, les hommes à soixante ans avaient rempli leur carrière terrestre ; et, dès-lors, dégagés de tous leurs devoirs envers le