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(Août 1822.)

nous. Les seigneurs parthes, tout couverts de fer eux et leurs chevaux, ne ressemblaient pas mal à nos preux chevaliers, à nos hommes d’armes ; c’est sur eux seuls que reposait la force des armées : le peuple qui se faisait tuer à pied, était compté pour rien ; on ne faisait état que du noble chevalier assez riche pour soudoyer d’autres braves, ou assez illustre et assez brave lui-même, pour en attacher d’autres à sa fortune. Quand Marc-Antoine marcha vers l’Orient, pour venger la défaite de Crassus, le roi des Parthes n’eut besoin pour le vaincre, que de huit cent cinquante chevaliers ou hommes d’armes ; peu auparavant, vingt cinq chevaliers parthes avaient conquis la Judée et pris Jérusalem. Il serait facile de pousser plus loin le parallèle, de faire voir l’extrême ressemblance qui existait entre la monarchie arsacide et les royaumes de l’Occident : nous n’y trouverions pas, il est vrai, les titres de duc et de comte, empruntés à l’empire romain par la féodalité moderne ; mais nous y verrions un connétable commander les armées et des marquis défendre les frontières. Des barons, des dynastes, des seigneurs féodaux de toute espèce, dont je ne rapporte pas les noms, et parmi lesquels il y en avait beaucoup, comme chez nous, qui étaient chargés de fonctions sacerdotales, se partageaient le reste du territoire, et formaient la partie noble de la nation ou plutôt la nation elle-même ; tandis que le peuple, attaché à la glèbe, était serf dans toute la force du terme. À la tête de ce système politique était un prince qu’on appelait le roi des rois, et qui l’était effectivement, puisque ses premiers vas-