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conographie qu’une attitude, une pose, et non un portrait.

Quoiqu’il en soit, il est constant que c’est la Sapho de Mytilène que M. Visconti a voulu rendre à la lumière. Il a grand soin, dans la notice scientifique qui accompagne le portrait qu’il en donne, de distinguer son héroïne de la courtisane du même nom, née à Érésos, et qui n’eut peut-être jamais d’autre célébrité que celle qu’elle reçut des dédains de Phaon et du saut de Leucade. Il ne soupçonnait pas alors sans doute que les habitans d’Érésos auraient jamais osé se vanter de leur courtisane, comme les Mytiléniens de leur poétesse, comme les Corinthiens de leur Laïs, et qu ils eussent poussé l’enthousiasme pour leur concitoyenne, jusqu’à l’apothéoser en quelque sorte, en gravant son nom et sa tête sur leur monnaie. C’est pourtant ce qui ne peut être révoqué en doute, puisque la médaille que nous venons de décrire, et sur l’authenticité de laquelle on peut défier là critique la plus sévère, offre la tête de Sapho d’Érésos, accompagnée de son nom joint à celui de la ville même où elle était née, et q^i a fait frapper la médaille. Les amateurs de l’antiquité peuvent donc être assurés qu’on a maintenant le portrait de la seconde Sapho, de celle d’Érésos, courtisane s’il l’on veut, quoique ce métier ne s’accorde guère avec le désespoir amoureux qui porté à se détruire, mais qui certainement fut célèbre par sa passion pour Phaon, sa fin tout à la fois héroïque et déplorable, et par les vers d’Ovide.

Quand on voit sur les médailles de Corinthe le por-