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quant à la contrée, et an personnage qui y est représenté. Elle prouve aussi la coïncidence qu’il y a entre le fait avancé par Poilus, et l’existence du. monument, qui se trouve être précisément contemporain, du rhéteur, puisqu’il porte, avec le nom de Sapho, le nom de l’empereur Commode, sous le règne duquel vivait Pollux. Il était donc de notoriété publique, du tems de cet auteur, ainsi qu’il le dit lui-même, que les Lesbiens représentaient sur leur monnaie l’effigie de Sapho ; et l’on ne peut désormais accuser Pollux d’imposture.

Si les Mytiléniens tenaient à honneur d’avoir sur leur monnaie le portrait du plus célèbre poète lyrique que l’antiquité ait produit, sans en excepter Pindare ; il faut croire que les habitans d’Érésos, voulurent également tirer vanité de leur Sapho, qui avait illustré sa ville natale, sinon par ses écrits, quoiqu’on ne sache rien de positif à cet égard, au moins par ses amours malheureux et sa fin tragique. Ils se décidèrent sans doute par ce motif à placer sur leur monnaie les traits de leur concitoyenne qui, à en juger par la réputation qu’elle laissa et qui a traversé plus de vingt siècles pour arriver jusqu’à nous, méritait bien cette distinction, autant pour le moins que les Julia-Proda et les Nausicaa dont on voit les portraits sur les médailles de Mytilène, où elles sont qualifiées du titre d’héroïnes, ΙΟΥΛΙΑΝ ΠΡΟΚΛΑΝ ΗΡΩΙΔΑ — ΝΑΥϹΙΚΑΑΝ ΗΡΩΙΔΑ[1], quoique l’histoire ne nous ait rien, absolument rien appris de ces héroïnes.

  1. Visconti, Icon. grecq., tom. 1, p. 313 et 314. Pl. 37, nos. 3 et 4. (Note de Wikisource : livre disponible sur Internet Archive).