Page:Journal asiatique, série 1, tome 1.djvu/17

Cette page a été validée par deux contributeurs.

vante de tenir sous le joug le coursier fougueux de ses sens !… Oh ! que je crains pour lui que dans cette rencontre les rênes n’échappent de ses mains !… Oui ! fût-il Brahmâ, Vichnou, le dur Siva lui-même, son cœur éprouvera aujourd’hui ce que peuvent les traits de l’Amour ! »

En achevant ces mots, elle se rend vers l’ermitage, où, par la puissance du saint anachorète, les bêtes les plus farouches se sentaient dépouillées de leur férocité. À l’écart, sur le bord du fleuve, elle mêle aux chants du kokila sa voix enchanteresse, et fait entendre un cantique de louanges.

Au même instant, le Printems répand de nouveaux charmes sur toute la nature : le kokila soupire avec plus de douceur ; une harmonie indicible jette l’ame dans une langueur voluptueuse. Chargé de tous les parfums des monts Malayas, sa patrie, le Zéphire agite mollement les airs, jonchant partout la terre des fleurs les plus odorantes ; et l’Amour armé de ses flèches brûlantes s’approchant de Kandou, fait pénétrer dans ses veines un feu qui le dévore.

Frappé des chants mélodieux qui parviennent à son oreille, déjà ivre d’amour et dans le plus grand trouble, il vole vers le lieu d’où partent ces accens. Il reste comme stupéfait à la vue des charmes que Pramnotchâ déploie à ses regards.

« Qui es-tu ? quelle est ton origine, femme adorable, lui dit-il, toi, dont la taille élégante, les sourcils si délicatement arqués, le sourire enchanteur ne me laissent plus maître de ma raison ? Dis-moi la vérité, je t’en conjure. »