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chelieu est trop connu pour que j’aie besoin de m’étendre beaucoup là-dessus. On connaît l’usage qu’il a fait de ce que la nation lui avait décerné en France, et tout le bien qu’il répandait sur ceux qui avaient recours à lui. Simple dans ses goûts, et ennemi du luxe, il ne possédait à Odessa qu’un jardin de quelques arpens, qu’il cultivait lui-même pour se délasser ; et il avait acquis, quelque tems avant de quitter la Russie, une petite terre en Crimée, dont il aimait beaucoup le site pittoresque, mais qui ne lui donnait pas 1,000 fr. de rente. Malgré cette modicité de fortune, il trouvait encore le moyen de soulager des malheureux, d’élever à ses frais des jeunes gens à l’institut d’Odessa, et d’encourager partout les talens et l’industrie. Au commencement de 1813, l’empereur Alexandre, pour donner une marque de sa satisfaction au duc de Richelieu, lui fit accorder 40,000 roubles. Bientôt après, la guerre éclata dam le nord, et la peste dans le midi de la Russie : M. de Richelieu ne balança pas un instant à faire le sacrifice de toute cette somme, dont la munificence du souverain avait gratifié ses services, et il l’employa au soulagement des malheureux pendant la peste, et à l’établissement des émigrés allemands, qui se trouvèrent dans la détresse pendant ce tems de calamités. Lorsqu’il rentra en France, il abandonna au profit du lycée d’Odessa une rente annuelle de 15,000 roubles, que l’empereur lui avait accordée pour un certain nombre données, et il fournit outre cela une très-belle bibliothèque qu’il envoya de Paris pour cette maison d’éducation : le reste