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lieu que comme leur père. Il les visitait sans cesse, leur parlait leur langue qu’il possédait parfaitement, prévenait tous leurs besoins, entrait dans les plus petits détails de leur administration intérieure, et réussit à faire bientôt prospérer ces établissemens nouveaux, qui ne s’affermissent ordinairement qu’avec tant de difficultés.

Les beaux Steppes qui s’étendent entre les embouchures du Don, la mer d’Azow et le Dniéper, offrent un spectacle qu’on ne retrouve peut-être nulle part ailleurs. Là, sur une étendue de près de cent lieues, sont établis plusieurs peuples, les plus différens entre eux par leur origine, leur langue, leurs mœurs, et leur croyance : réunis dans la même contrée, ils vivent en bons voisins, et jouissent en paix des bienfaits d’un, gouvernement sage et tolérant. Là, vers les embouchures du Don, se trouvent quelques riches établissemens d’Arméniens, qui ont la ville commerçante de Nakhitchevan pour chef-lieu : ils vinrent de la Crimée pendant les troubles qui agitèrent ce pays, sous le règne du dernier Khan. On trouve ensuite plusieurs colonies de Grecs, sortis du même pays et à la même époque. Ils ont pour voisins des Russes de l’Ukraine, établis dans plusieurs grands villages ; ceux-ci touchent à des colonies d’Allemands protestans, et à de beaux et riches villages de Memnonistes, espèce d’anabaptistes sortis de Prusse, et intéressans par le spectacle de la civilisation la plus avancée, qu’ils offrent au voyageur dans ce pays éloigné et sauvage. Enfin, pour que l’aspect de cette contrée fût plus frappant encore par un des