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JOURNAL DE MARIE LENÉRU

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Borda, que mon oncle aime beaucoup. Les élèves étaient en violet et ceintures de moire à pans, uniforme qu’elles n’ont que les dimanches. Les 17% communiantes avaient un cos- tume très simple et pourtant pas bien joli de corsage, enfin, cela devait leur être parfaitement indifférent ; elles avaient toutes une médaille en argent où étaient gravées leurs initiales et la date, Henriette la portait ainsi qu’une autre médaille en nacre donnée par Fernande et un crucifix d’argent, souvenir de sa tante Verjon, Elle s’est servie pour l’Absolution du cha- pelet que je lui ai donné pour ma première communion. Le 24, elle avait celui de tante Louise. Après la messe de Monseigneur, l’aumônier en a dit une seconde, cela a été un peu long. Après les deux messes, le déjeuner du matin était servi aux familles dans une salle à manger avoisinant la chapelle, Après cela, On à eu parloir. Henriette bien gentille, et je vois qu’elle a été admirablement préparée : ma pauvre tante Alice a dû bénir Ste Clotilde. A dix heures, c’était la Confirmation. Que j’aime les cérémonies de Confirmation !

I4 ans, iercredi 19 juin.

Est-ce assez singulier, je n’ai pas écrit une seule fois mon caractère. Le récit de ses actes nexsufft pas seul à se faire connaître ; il faut aussi savoir quelle disposition nous a poussé à les accomplir ; me voici telle que je me connais et en toute franchise ; pas précisément orgueilleuse, je veux dire que je ne me préfère pas aux autres, mais cependant, je suis très portée à m’élever au-dessus d’eux, au-dessus de ceux que je n’aime pas et que je crois inférieurs à moi-même, généralement au-dessus de tous ceux que je ne connais pas ; il me semble que c’est plu- tôt de la fierté très outrée, par conséquent approchant bien plus de la vanité que de l’orgueil, parce que je préférerais être la dernière dans une société très choisie, que la première dans n’importe laquelle, Chez moi, c’est surtout l’orgueil de l’esprit, quand je me compare s’entend, car quand je m’examine, je me

1. L’âge est indiqué en marge, sans doute postérieurement,