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JOURNAL DE MARIE LENÉRU

+ dé “ JURA Le MAANRIL LENLRU

Âlors donc, nous montâmes en bateau, et nous descendimes au Fret. Là, des voitures de l’hôtel attendaient ; quoique nous n’allions pas au casino, nous en prîmes quand même une et nous partimes — que de Îmes, que de âmesl c’est toujours comme ça une fois qu’on y est lancé ! — de pair avec une autre voiture conduite par le directeur de l’hôtel. Tout d’un Coup, on nous arrête ; il est arrivé un accident à l’autre voiture ; elle a perdu je ne me rappelle plus quoi et on le cherche, Comme nous sommes en plan, le maître d’hôtel nous dit que nous pourrons admirer le panorama qui était en effet superbe, mais comme l’on a eu trop de temps pour l’admirer, les grandes personnes ont causé avec le chef qui a expliqué que l’autre voiture allait à Dinan. Il aurait bien voulu que nous…

Samedi 17 octobre.

Lorsque j’examine mes souvenirset queje recherche les pas- sages de ma vie lesquels je voudrais tant faire repasser, il est un moment délicieux, auquel je ne peux penser sans que mon cœur batte bien fort, ce moment après ma Première Commu- nion — Ah ! ma pauvre chère Première Communion, tu es bien loin dans le temps mais bien près dans mon cœur ! — a été le plus doux de ma vie. Par ce moment, j’entends les trois jours dé ma retraite de Confirmation. Ahl combien c’était bon ! Je me souviens que quelques jours après la Confirma- tion, Andrée me disait : « Ah ! cette chère retraite, je ne puis ÿ penser Sans avoir envie de pleurer ! »

Eh bien, voici bien des mois et en écrivant ces lignes qui me la rappellent, j’ai presque les larmes aux yeux : jamais dans mes deux autres retraites je n’avais tant d’empressement à me rendre à ces exercices ; jamais je ne m’y étais sentie si.en fa- mille ; notre prédicateur — esprit excessivement large — avait trouvé le chemin de tous les cœurs ; très simple, un prêtre de campagne ; il nous expliquait l’Évangile si clairement, si nettement, humble de cœur et d’esprit, Dieu lui avait donné