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JOURNAL DE MARIE LENÉRU

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nous donnant rendez-vous à l’Exposition. Marguerite et moi, nous nous sommes embrassées à nous étouffer et elle m’a donné une branche de bruyère que je conserve dans mes fleurs-souvenirs. Fernande et moi nous sommes montées nous coucher et nous avons fait notre prière devant la photographie de Ste Thérèse que maman m’a donnée et nous avons lu la prière de St Thomas d’Aquin que Mademoiselle m’a donnée, Nous l’aimons énormément. En voici un passage : « Bonté suprême, Ô Jésus, je vous demande un cœur épris de vous qu’aucun obstacle, aucun bruit ne puisse distraire ; un cœur fidèle et fier qui ne chancelle, qui ne descende jamais, un cœur indomptable toujours prêt à lutter après chaque tem- pête, un cœur libre jamais séduit, jamais esclave, un cœur droit qu’on ne trouve jamais dans les voies tortueuses. » Ce passage est aussi dans La petite Duchesse.

Hier, Fernande est allée déjeuner chez Mme Robin, elle est partie sitôt après la messe de 9 heures où nous sommes allées. J’ai lu tout le temps ma messe, mais je n’y ai pas pris beaucoup de bonnes résolutions. Aussi ai-je très peur que ma semaine marche mal. Après déjeuner, nous sommes allées au jardin où Henriette et moi avons fait notre journal. Fernande, tante Gabrielle et Carle sont rentrés très tard. Nous avions déjà commencé à dîner. Je suis prise d’une passion pour ma tante Gabrielle et je suis très contente de cela, parce que je trouve qu’elle le mérite bien. Premier fruit d’une messe à laquelle on ne s’est pas donné la peine de prendre de bonnes résolutions : nous n’avons pas fait hier notre prière à genoux, mais bien dans notre lit et chacune de notre côté.

Hier, les petits Auffret sont allés chez Mme Picard ; il paraît qu’ils grillent d’envie de nous voir et qu’on a eu toutes les peines du monde à empêcher le petit garçon de sauter par- dessus le mur pour venir jouer avec nous ; enfin on a été obligé de leur promettre que la première fois qu’ils viendraient, on nous ferait chercher.

Il faut que je mette iciles titres des livres que.lit tonton Lionel, car ils m’ont bien frappée. Il y a Ma religion — de