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JOURNAL DE MARIE LENÉRU

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nande, Carle et tante Gabrielle sont revenus terriblement brunis ; j’ai retrouvé ma bonne grande cousine avec sa simpli- cité ravissante, Moi, je trouve que c’est sa plus grande qualité et certes, elle n’a pas à s’en plaindre : car St Macairé l’a de- mandée à Dieu pendant douze ans, et moi, je fais tout ce que je peux pour l’acquérir sans pouvoir y parvenir, et je me désole en pensant que je ne l’aurai jamais si Dieu me la fait attendre autant qu’à St Macaire, parce que je n’aurai jamais la pa- tience de ce pieux solitaire, :

Enfin, pour en revenir à mon récit, il a été décidé que Mar- guerite, Fernande et moi coucheraient dans la chambre de maman, tandis que maman coucherait chez Mme Picard, et Henriette et Madeleine dans celle de Caroline et de Françoise, Fernande et moi, nous avons beaucoup bavardé car nos lits se touchaient. Malheureusement, nous n’avons pas pu parler à Marguerite qui était dans le lit de maman et qui était trop loin, car nous ne voulions pas faire trop de tapage en parlant haut. Mais elle a parlé haut avec Henriette. La pauvre fille, je crois qu’elle n’était pas trop contente de ne pas parler avec nous, elle croyait que nous nous disions des secrets contre elle, elle croit toujours cela, qu’on parle d’elle, Je la plains bien, car cela doit la faire bien souffrir.

Avant d’être allées nous coucher, nous sommes allées à la Maison Blanche en nous tenant à la queue-leu-leu et en chan- tant un tas d’airs que Marguerite et Fernande avaient appris à Brignogan. Le lendemain, dans la matinée, nous sommes allées toutes les quatre jouer au tonneau et c’est moi qui ai gagné ; mais je n’étais pas bien contente, parce que je trouve que c’est trop difficile d’être charitable et humble quand il vous arrive des petits succès comme ça. Dans la journée, nous sommes allées visiter le Château, et à bord de l’Amiral Bau- din. Je vais.raconter cela bien en détail. D’abord, nous som- mes allées chez tante Louise, prendre Mme de F., Suzanne et une dame de Paris, Mme P. qui nous accompagnait dans notre visite au château. k