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JOURNAL DE MARIE LENÉRU

Lune j sétats JUVRNAL VE MARIE LENERU

que nous aurions fait notre prière à genoux, mais nous avons commencé à nous déshabiller, alors nous l’avons faite dans notre lit, et moi pas trop bien. Enfin, ça a été. Mais avant de faire notre prière il nous est arrivé toute une histoire qu’il faut que je raconte. D’abord, dans notre lit, nous avons beaucoup bavardé, puis j’ai sonné Caroline pour qu’elle vienne me bor- der, elle n’est pas venue, je n’y ai pas fait plus attention. Quel- que temps après, nous avons entendu frapper à coups redou- blés, Fernande a cru que c’était à la porte de ma chambre et criait « Entrez ! » — Moi, je lui dis : « Mais non, tu ne vois pas que c’est chez Mme Costine qu’on frappe ? » — (C’est une loca- taire qui habite de l’autre côté du couloir.) Mais comme les coups continuaient et que cela m’ennuyait, je me suis mise à crier à tue-tête : « Sapristi, voulez-vous vous taire, est-ce qu’on vient réveiller les gens à cette heure-ci ? » — Quelle n’a pas été ma Stupéfaction lorsque j’ai entendu la voix de Caroline qui me criait : « Mademoiselle Marie, voulez-vous aller ouvrir à Madame qui est à la porte ? » Je suis bien vite descendue de mon lit en criant à Fernande : « Miséricorde ! J’ai fermé la porte à clef et je l’avais oublié ! » — Et bien vite, j’ai pris la lampe, et sans prendre le temps d’enfiler mes pantoufles, je suis allée en chemise de nuit tourner la clef, mais pas tourner le bou- ton. J’aurais eu trop peur de voir maman qui m’aurait gron- dée, d’abord pour mon étourderie, ensuite pour être allée sans pantoufles ; je me suis couchée, maman est arrivée, m’a gron- dée, heureusement que j’ai réussi à la faire rire, puis elle est descendue. Caroline m’a expliqué après, que tout le monde, en bas, était sens dessus dessous : que tonton Albert et tante Blanche, M. Vallée et Mme Vallée, M. et Mme Willotte étaient là ; que toutes les portes étaient ouvertes et qu’on allait faire chercher un serrurier, Eh ! bien, je suis belle ! Toutes les fois que je dirai bonjour à ces personnes, elles me diront : « Ah ! bien, vous avez fait-un joli coup. » Et ce n’est pas du tout amu- sant. En plus, je m’attendais à être encore grondée par maman heureusement qu’il n’en a rien été. ; Fernande va commencer l’anglais avec nous ; ce matin)