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JOURNAL DE MARIE LENÉRU

Lx mir netteté

de recevoir ce sacrement qu’on ne reçoit qu’une fois dans toute l’éternité et qui imprime dans l’âme une marque ineffaçable.

Je suis aussi un petit peu coquette ; qu’est-ce que je pourrais bien faire pour me corriger ? Eh bien ! Je lirai des choses contre la coquetterie, dans le livre de Mme de Flavigny par exemple.

Et le mensonge ? Mes mensonges sont tous des mensonges légers, mais enfin ce sont des mensonges. Oh ! quelle horreur que la fausseté, quand je pense à cette phrase de l’Écriture sainte : « les lèvres menteuses sont en abomination devant Dieu », je veux tâcher de purifier les miennes en ne disant plus queda vérité. Et puis, je crois que j’ai encore un autre défaut et quand je pense que j’ai fait un devoir dessus, dans lequel je disais que c’était celui qui déplaît le plus à Dieu. Je n’ai encore dit que mes plus grands défauts, mais j’en ai en- core bien d’autres ; je ne suis pas assez gentille pour mes amies, c’est très vrai ; je me suis beaucoup corrigée sur ce point, mais pas encore complètement. Je cesse, parce que je crois entendre maman qui monte pour me coiffer.

Jeudi 26 avril.

Mon Dieu, mon Dieu ! Dans mon journal d’hier, je disais que nous allions devenir bien heureux, je parlais de réunion ! Hélas ! Tante est bien, bien malade et nous craignons un malheur qui enlève leur mère à nos pauvres cousines. Elles ne s’en doutent seulement pas, les pauvres chéries ! L’autre jour, quand je suis rentrée, la porte d’entrée d’en bas était ouverte et j’ai aperçu deux chapeaux de messieurs au porte-manteau. Je n’y ai pas fait attention et c’est hier en me coiffant que maman m’a ap- pris l’état de Tante, m’a dit qu’il y avait eu avant-hier une consultation de trois médecins — (c’étaient leurs chapeaux que j’avais vus). Puis, maman m’a dit que M. Maréchal £ avait voulu qu’elle télégraphie à Toulon et à Montpellier de sorte

1. Médecin de la famille,